Wake Up [PV Tom]

C’était une journée de plus sur l’île qui commençait pour Kate. Emergeant doucement du pays des songes, la jeune fille ouvrit les yeux et constata avec plaisir que malgré les volets, les rayons du soleil s’immisçaient dans la pièce, laissant une légère et douce lumière envahir la chambre. La première expression de la journée qui naquit sur le visage de la brune fut un sourire. Après quelques minutes passées sous la couette, elle se leva et fila dans la salle de bains. Chaque matin, c’était le même rituel. Kate mettait de la musique qui raisonnait dans toute la maison et elle prenait une douche bien chaude. Un deuxième sourire s’afficha sur ses lèvres quand l’agréable parfum sucré de fleur de cerisier du gel douche se fit sentir. Une fois lavée et une serviette enroulée autour du corps, elle se dirigea vers la cuisine où elle attrapa un pain au chocolat, pour aller le manger devant la baie vitrée grande ouverte et qui offrait une magnifique vue sur la plage, encore presque déserte à cette heure du matin.
Retour à la salle de bains pour se brosser les dents et pour se coiffer. Dernière étape de la préparation, et peut-être celle à laquelle Kate s’appliquait le moins: le dressing. En effet, la plupart du temps, elle attrapait ce qui lui tombait sous la main et ne cherchait pas à se compliquer. Cette fois ci, ce fut un jean noir et débardeur blanc. Tout ce qu’il y a de plus banal donc.
Aujourd’hui, Kate avait l’intention de réviser un peu mais il était hors de question de rester enfermée à la maison avec un temps pareil. Le programme était donc de travailler un peu ses cours au Snack Bar devant un soda, ensuite elle irait sûrement à la crique pour jouer de la guitare. L’instrument étant déjà dans le coffre de la voiture, Kate prit simplement sa veste, ses clés et son portable et alla en ville où se trouvait le fameux bar. Arrivée sur les lieux, son sac sur une épaule et l’étui de la guitare sur l’autre, la brune constata que l’endroit était bondé. Il ne restait plus qu’une table de libre. Elle alla s’y asseoir et posa sa guitare sur la deuxième chaise. Puis elle sortit un stylo, un calepin et un manuel et y plongea le nez. Le soda attendrait. La serveuse ne savait plus où donner de la tête avec toutes les tables d’occupées.

La répartition du poids et des différentes forces exercées sur les structures triangulaires, voila le sujet dans lequel Kate était plongée depuis presque une heure. Bien que ce soit une des parties les pus intéressantes du programme, ce n’en était pas moins une des plus difficiles. La jeune fille faisait tourner son stylo entre ses doigts, comme elle avait l’habitude de faire lorsqu’elle lisait ses cours. Le brouhaha qui régnait dans le snack ne la gênait pas le moins du monde, au contraire. Elle préférait de loin se retrouver dans un endroit où l’agitation était perpétuelle plutôt que de rester seule chez elle avec un silence de mort pour seul compagnon. Quoi que... la plupart du temps, pour ne pas dire systématiquement, la chaîne hi fi était en allumée.
La brune, qui était auparavant aussi concentrée qu’un chirurgien sur une endoanevrysmoraphie, probablement encore plus difficile à effectuer qu’à prononcer, finissait par décrocher un peu.
Elle décida donc de s’accorder un petit moment de répit, sentant une légère migraine qui commençait à s’installer. Elle se massa doucement les tempes et eut un regard circulaire sur la salle. C’était peut-être quelque chose d’étrange, mais Kate adorait observer les gens qui l’entouraient. Ils étaient tous aussi différents les uns que les autres. Dans le Snack Bar, installés à la table en face de celle de Kate, il y avait deux grands parents qui tentaient de maintenir leur petit fils de 5 ans sur sa chaise qui refusait de boire sa grenadine. Il finit par faire abdiquer les deux sexagénaires pour aller coller son visage contre la vitre qui encerclait un arbre au milieu de la pièce. Son nez était retroussé vers le haut et ses joues étaient écrasées contre le verre sur lequel il laissa une magnifique coulée de bave.
Kate se mit à rire doucement. La petite tête blonde lui rendit son sourire, la tête toujours plaquée contre la paroi, ce qui lui donna plutôt l’air de faire une grimace. Ah... finalement c’était peut-être une grimace en fin de compte... Personne n’en serait jamais rien.
A la table de droite, l’ambiance était tout autre. Un jeune couple restait bouche contre bouche. A croire que le petit garçon n’était pas le seul à avoir un surplus de bave... Bref! Kate détourna le regard, et il se posa sur un groupe de jeunes adolescentes, agglutinées autour d’un magazine de mode. C’était quoi le gros titre cette semaine? « La taille de mes seins est comparable à celle de M&M’s, est ce normal?» Avec bien sûr des réponses qui variaient entre «Ton corps change, tu es comme une petite fleur qui s’épanouie...blablabla » et «Le rembourrage n’est pas une solution non! Tu es belle comme tu es!». Facile pour les réacteurs d’écrire ce genre de réponses hypocrites lorsqu’ils n’avaient pas une pré pubère boutonneuse et plate comme une planche à pain sous leurs yeux!
Pour en revenir aux adolescentes installées au snack, c’était le genre de filles qu’au lycée, Kate ne pouvait vraiment pas supporter.
Tout à coup, l’une d’elle émit un petit couinement et indiqua à ses copines de regarder vers la porte. Kate ne put s’empêcher de regarder dans la même direction. Et la raison de se bouleversement d’hormones chez les jeunes filles était un jeune homme. Forcément... il fallait s’en douter... Le garçon devait avoir à peu près le même âge que Kate. Il était grand, portait une casquette, un baggy et tee-shirt large sur lequel de longues dreads tombaient en cascade. Les gloussements reprirent de plus belle.
La brune elle, se pencha à nouveau sur son manuel mais se ravisa quelques secondes plus tard, se disant qu’elle prendrait bien quelque chose à boire. Elle se leva et alla jusqu’au bar pour commander un jus d’orange. Elle aimait l’alcool mais pas à 11h00 du matin! Un jus de fruit semblait être un meilleur choix. Une fois servie par le barman, la demoiselle remarqua le jeune homme, une assiette à la main et l’air assez embêté de ne pas pouvoir s’asseoir. On ne pouvait quand même pas le laisser planté là... Kate s’approcha de lui et lui proposa:

- Si tu veux t’asseoir, il y a une chaise de libre à ma table.

Il suffisait simplement de poser la guitare par terre. Ce serait en plus, une belle occasion de faire enrager les potiches à la table voisine.

Si les petites pouffes avaient des révolvers à la place des yeux, Kate ressemblerait sûrement à un passoire. Dès l’instant où elles la virent s’approcher du jeune homme qu’elles convoitaient toutes, elles lui lancèrent un regard noir. La brune les regarda avec un petit sourire en coin. Et oui les filles, il fallait être plus rapides. Non pas que le garçon plaise particulièrement à Kate. C’est juste que ça l’amusait de mettre les adolescentes en rogne. Et toutes les occasions étaient bonnes pour ça. Alors si en plus, cela permettait à quelqu’un de trouver une table, autant faire une bonne action!
Peut-être qu’il ne s’en rendait pas compte, mais le jeune homme constituait une proie que Kate arrachait aux griffes des rapaces. Il s’adressa à la brune en s’assurant qu’il ne la dérangeait pas en demandant si c’était très prudent.
La brunette suivit son regard et rigola doucement en voyant la bande de dindons qui gloussaient plus que jamais. Puis son regard se posa sur le visage du dreadeux. Etrangement, elle était sûre de l’avoir déjà vu. Son visage lui était familier et ses yeux avaient une expression qu’elle avait le sentiment de connaître par cœur. C’était assez agaçant de ne pas se souvenir de l’avoir déjà rencontré. Finalement, elle décida de ne pas chercher plus loin dans sa mémoire car elle savait qu’elle aurait beau se creuser la tête, elle ne trouverait pas. Ca lui reviendrait peut-être. D’autant plus qu’elle l’avait peut-être simplement croisé dans la rue, ou dans un magasin. Pas de quoi chercher la petite bête.

- Ne t’inquiètes pas, tu ne me déranges pas du tout, je faisais justement une pause. Et pour les filles... elles ne t’approcheront pas tant que je serais à coté de toi.

Kate n’avait aucun pouvoir de divination pour prévoir ce genre de choses. Simplement, les filles agissaient en général avec des codes, des règles que chacune respectait (encore une fois: en général). Et il n’y avait quasiment aucun risque qu’elles abordent le jeune homme tant qu’il y aurait Kate à la même table que lui.

- Suis-moi.

La demoiselle prit la direction de sa table et une fois qu’elle eut posé son verre de jus d’orange sur la table, elle prit sa guitare et la posa délicatement au sol. Hors de question de faire le moindre mouvement brusque lorsqu’elle avait l’instrument dans les mains. Sa Gibson, elle y tenait presque autant qu’à son piano. En allant sur l’île, Kate n’avait emporté que cinq guitares avec elle et celle qu’elle avait aujourd’hui était de loin sa préférée.
La jeune fille ferma son manuel et rangea un peu ses affaires qui envahissaient toutes la table. Kate avait un peu tendance à s’étaler lorsqu’elle étudiait. Une fois que le garçon eut suffisamment de place elle lui adressa un sourire pour l’inviter à s’asseoir et s’installa à nouveau sur sa chaise et porta son verre à ses lèvres. Puis elle se présenta, pour que le jeune homme en fasse autant.

- Je m’appelle Kate.

Des filles comme celles de la table d’à coté, Kate en avait connu plus d’une au lycée. Elles auraient probablement été capables d’écrire un roman sur la façon d’accorder un sac à main avec la couleur des yeux mais elles étaient infichues d’aligner trois mots dans une dissertation. Et si par miracle elles s’intéressaient au cours, c’est parce que le professeur était un beau mâle tout juste diplômé.
La phrase préférée qu’elles se lançaient: « j’t’adoooore ». Et quelques secondes plus tard, quand celle a qui ces mots s’adressaient avait le dos tourné, les insultes et les critiques pleuvaient.
Ces filles là transpiraient l’hypocrisie et la vanité. Elles ne se déplaçaient jamais à moins de quatre et qu’importe si elles se détestaient cordialement, le principal était de garder une popularité assez haute pour être pop pop girl et sortir avec un joueur de football ou de basket.
Pendant ses années de lycée, Kate s’était souvent retenue pour ne pas les étrangler avec leurs pompons.
La capitaine des pop pop girls était la fille la plus insupportable de tout Seattle. C’était une belle et grande (fausse) blonde avec des jambes interminables et un corps superbe. Elle était née dans une famille fortunée de la ville. Tous ses caprices étaient des ordres et elle pensait avoir le monde à ses pieds. En rentrant au lycée, elle pensait qu’elle pourrait se distinguer par l'argent jusqu’à ce qu’elle entende parler de Kate. La jeune Evans se faisait la plus discrète possible sur ce sujet là, mais ne pouvant pas tout cacher, certaines personnes au lycée savaient tout de même que son père avait une fortune estimée à plusieurs millions. Un paternel comme celui là, c’est difficile à cacher! Au début du récit qu’on lui fit sur la brune, la blonde rigola, elle pensait qu’il était impossible d’être si riche avec une apparence aussi banale que celle de Kate. Et pourtant si. Après avoir fourré son nez partout, la pop pop girl apprit que ce qu’on lui avait dit était vrai et elle fut prise d’une jalousie à peine croyable.
Entre les deux adolescentes, la guerre était déclarée. A tel point que le lycée était divisé en deux clans. De son coté, Kate avait tous les musiciens, les élèves des classes artistiques et tous les gens qui était contre la superficialité. Du coté de la pop pop girl, il y avait bien sûr les autres pop pop girls, les basketteurs, les footballeurs et les autres filles qui ne juraient que part le blush, le gloss et les rajouts capillaires. Et comme le lycée est un monde injuste comme chacun sait, la blonde avait de son coté une écrasante majorité.
Mais qu’importe, ce n’était pas la popularité que Kate cherchait. Elle ne prêtait pas attention aux critiques de la pop pop girl qui faisait tout pour la provoquer. Cette dernière enrageait de voir qu’elle n’arrivait pas à susciter la moindre réaction chez la brunette, hormis une répartie à toute épreuve. Un jour, elle trouva tout de même le moyen de toucher Kate, à la blesser. Elle lui lança une phrase ignoble sur sa mère. « Heureusement que ta mère est morte, elle n’aurait probablement pas supporté de voir ce que sa fille est devenue ». Sur le coup, Kate avait eu envie de se jeter sur elle, mais elle s’était retenue, soutenue par ses meilleurs amis. Puis elle s’était demandée comment la blonde avait entendu parler de sa mère. Elle décida dès le lendemain de se venger. Une fois seule dans les vestiaires, elle prit la bouteille de shamppoing de la pop pop girl et le liquide étant bleu, elle y versa un colorant de la même couleur puis y ajouta les oxydants que sa coiffeuse utilisait, donc très peu odorants.
A la fin d’un entraînement et après d’être allégrement masser la tête avec le shampoing, la pop pop girl eut la triste vision d’elle avec les cheveux bleus. Elle hurla et pleura toutes les larmes de son corps. Il ne fallait pas être très intelligente pour se douter que le coup venait de Kate. Elle alla la voir et la coupable ne nia même pas les fait, lui faisant même remarquer que celle couleur lui allait très bien. En voyant la pop pop girl se jeter sur elle, elle lui assortit l’œil droit aux cheveux en lui faisant un beau cocard.
Résultat, Kate fut exclue du lycée pendant une semaine. Pourtant, son seul regret fut de n’avoir pas utilisé de la soude au lieu du colorant.
Bref, tout ça pour dire qu’à coté de la pop pop girl, les filles qui zyeutaient le jeune homme étaient des petites joueuses!
Kate lui sourit quand il lui fit remarquer qu’elle aimait le risque et esquissa un oui de la tête quand il poursuivit en disant que les furies faisaient peur et que les filles étaient bizarres parfois. Ce n’était pas elle qui allait le contredire. Au moins, il avait conscience qu’elle le sortait de l’enfer. Puis il se présenta. Tom.
Et vu l’intérêt qu’il semblait prêter à la Gibson, le fameux Tom devait être musicien. Il lui demanda depuis combien de temps elle en jouait. Kate s’appuya contre le dossier de sa chaise et réfléchis pendant quelques secondes. Elle avait commencé le piano à 6 ans... Elle avait vécu à Paris lorsqu’elle eut 7 ans, jusqu’à ses 8 ans... Puis c’est lors de sa première année en Allemagne qu’elle avait commencé la guitare. Donc elle en avait 8.

- Ca fait 14 ans. Toi aussi tu joues de la guitare?

Les filles sont des prédatrices infatigables. Celles de la table d'à coté se donnaient en spectacle pour attirer l'attention de Tom. L'une d'elle siffla même tout en le reluquant de haut en bas ce qui fit bien évidemment pouffer de rire le reste du groupe. Celle qui était le plus dans le champ de vision du jeune homme eut même l'extrême mauvais goût de remonter un peu plus sa mini jupe, afin de découvrir au maximum ses jambes dénudées. Kate tourna la tête sur le coté et remarqua cette tenue... peu conventionnelle pour une adolescente dans un snack bondé et préféra détourner le regard. Si ça ce n'était pas de la vulgarité...
Bref.... Au bout de quelques minutes, les adolescentes semblaient s'épuiser à tout faire pour que Tom leur prête ne serait ce qu'une seconde d'attention. Kate sentait que Tom et elle allait enfin avoir la paix. Mais comme les dindons ne s'arrêtent jamais de glousser, la tranquillité ne fut que de courte durée. Un brun aux yeux verts débarqua dans la salle et les hystériques reprirent leurs rires niais de belle. Heureusement, deux tables au fond de la salle se libérèrent et la nouvelle proie alla s’installer à l’une d’elle tandis que le petit groupe de rapaces prit possession de la seconde. Kate ne put s’empêcher de sourire. Le nouveau ne savait pas encore à quoi il s’exposait. Il le découvrirait à ses dépends.
La jeune fille reporta son attention sur le dreadeux et fut très surprise d’apprendre qu’il jouait depuis 12 ans. Il avait commencé à 6 ans. Il avait donc 18 ans, le même âge qu’elle. Mais contrairement à Tom, Kate n’avait pas un paternel doué pour la musique. Lui, il était plutôt branché armes à feu et aviation pendant les temps libres que lui accordait le monde des affaires. A y réfléchir, étant enfant, Kate avait aussi eut un modèle pour la guitare.
Tout avait commencé un soir de Décembre, au conservatoire national de musique de Berlin où elle suivait des cours de piano. Kate venait tout juste d’arriver en Allemagne avec son père. Cela faisait trois mois exactement. Tous les mardis et jeudis de chaque semaine, Mr Evans envoyait son chauffeur la chercher après sa leçon. Mais cette fois, personne ne venait. La petite fille attendit dehors pendant près d’une demie heure, dans le froid. La neige tombait à gros flocons. Finalement Kate entra à nouveau dans l’immense hall du bâtiment et s’assit sur les marches de l’escalier de marbre. Hormis la cireuse qu’une femme de ménage passait sur le parquet, tout était très silencieux. Puis doucement, une agréable mélodie qui venait d’un étage supérieur lui parvint aux oreilles. Intriguée, la petite fille gravit les marches jusqu’au premier. La mélodie se faisait de plus en plus distinctes. Et lorsque la brune atteignit le deuxième étage, elle aperçut une légère lumière par une porte entrouverte. La curiosité qui caractérise tous les enfants de sept ans la poussa à s’avancer et à passer la tête par la porte. Ce qu’elle vit lui mit des étoiles dans les yeux. Au milieu d’une grande pièce où des dizaines d’instruments différents s’entassaient et prenaient la poussière, il y avait, assis sur un tabouret, un homme d’une trentaine d’années qui jouait de la guitare sèche. Il avait une barbe de cinq jours, les cheveux longs. Il portait un jean usé et un tee-shirt d’Aerosmith. Kate l’écouta jouer, avec le silence qu’imposait le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Elle était encore frigorifiée. Son nez était encore rougi par le froid et ses mains étaient glacées. Mais qu’importe, la musique était si belle... Sans qu’elle puisse se retenir, la fillette éternua. Elle plaqua sa main sur sa bouche mais c’était trop tard. L’homme avait cessé de jouer. Surpris, il avait laissé son médiator tomber au sol. Il leva les yeux et aperçu Kate. Un sourire chaleureux se dessina sur les lèvres du guitariste. Il demanda à la fillette de s’approcher, ce qu’elle fit. Une fois devant lui, il la questionna sur son nom et sur le pourquoi de sa présence. Kate se présenta et expliqua qu’on n’était pas encore venu la cherché. Le guitariste la rassura en lui disant qu’il fallait encore attendre un peu et que la voiture était probablement coincée par la neige et les embouteillages. Puis remarqua que le regard de Kate était fixé sur l’instrument sur lequel il s’était accoudé, il lui proposa d’essayer. Et c’est comme cela que la jeune Evans eu sa première leçon de guitare. Pendant trois ans, c'est-à-dire jusqu’au retour de Kate à Seattle, les cours furent dispensés par cet homme, qui était professeur de guitare et de batterie dans ce conservatoire. La brune n’avait jamais arrêté la guitare.
Pour revenir à l’instant présent, Tom expliqua que son frère avait un don pour le chant.
Puis le jeune homme demanda si elle composait ses propres morceaux. Le « toi aussi » indiquait que Tom le faisait. Tout de suite, Kate eut envie de lui demander de jouer une de ses compositions. Le regard de la brunette se posa sur les mains de Tom. Elles étaient grandes et ses doigts étaient fins. De vraies mains de guitariste.
Kate réfléchit à sa réponse. Des idées lui venaient parfois et elle les retranscrivait sur du papier à musique. Cela arrivait même qu’elle se réveille la nuit avec une mélodie en tête. Elle se levait alors et la jouait avec la guitare qui était dans sa chambre, histoire de l’entendre réellement. Ainsi, elle s’assurait qu’au matin elle pouvait s’en souvenir et la rejouer. Mais quelques mélodies étaient-elle suffisantes pour affirmer qu’elle composait. Mieux valait être modeste.

- Non je ne compose pas, enfin pas exactement...

C’était une réponse assez vague, certes. Mais c’était ce qu’il fallait pour ne pas trop éveiller la curiosité de Tom qui risquait de lui demander de lui jouer un morceau qui venait d’elle. Kate préférait jouer quelque chose d’un des groupes qu’elle adorait. Leurs guitaristes étaient de véritables virtuoses de la musique alors pourquoi ennuyer Tom avec des mélodies d’une jeune fille de18 ans?

- Le plus souvent je joue des morceaux de mes groupes préférés. Aerosmith, Metallica, Nirvana, Linkin Park, Nickelback, Three Days Grace... Que du bon quoi!

La musique: comment vivre sans? Pour Kate, c’était presque une drogue. Certains fumeurs se réveillent le matin et leur premier geste est d’allumer une cigarette. Kate, elle, allumait son Ipod et émergeait doucement avec une chanson. C’était un vrai rituel. Une musique en acoustique suffisait si elle n’était pas trop fatiguée. Si elle était claquée, elle en choisissait une où la basse et la batterie étaient assez fortes pour la secouer un peu, histoire qu’elle se réveille plus facilement. A défaut de chanter sous la douche, elle écoutait encore de la musique. Même chose quand elle cuisinait, quand elle faisait du rangement, quand elle était sur son ordinateur, il y avait de la musique Bref, c’était comme ça du soir au matin. Même pour s’endormir, elle en avait besoin.
Kate rigola quand Tom lui avoua qu’elle l’impressionnait. Rien que cette réplique suffit à la brune pour comprendre qu’elle avait affaire à une personne qui avait les mêmes goûts musicaux. Et la question à laquelle il fallait s’attendre fut posée. Tom demanda si Kate pouvait lui jouer quelque chose. Impossible de dire non à cette requête. Surtout que la jeune femme avait vraiment envie de quitter le Snack Bar pour aller jouer un peu de gratte. Ca lui brûlait presque les doigts!

- J’accepterais oui. Mais à condition que toi aussi tu me joues quelque chose.

Kate rangea dans son sac les dernières affaires qui traînaient sur la table et se leva. Elle prit ensuite sa guitare et adressa un sourire à Tom.

- On sort? On trouvera bien un endroit plus calme pour jouer.

Le Snack était un endroit sympa mais Kate se voyait mal jouer de la gratte dans un endroit surpeuplé comme celui là. Déjà qu’en général, elle n’aimait pas avoir un public... C’était le seul point sur lequel la brune était timide. Kate était une personne relativement extravertie mais lorsqu’il s’agissait de jouer devant plus de trois personnes, c’était autre chose.