Une soirée hors du temps [PV]

Après leur rencontre au Spa et les évènements qui en avait découlés, Kate et Mark avait décidé de finir la soirée ensemble autour d'un verre chez cette dernière. Cela faisait plusieurs jours que Mark s'était disputé avec Brooke au sujet de Cassy et des manigences que la brune avait fait dans le dos de ce dernier dans le but d'éloigner la rouquine de lui. Depuis ni lui, ni elle n'avait donné de nouvelles à l'autre. Mark s'y refusait sans vraiment savoir pourquoi et concernant Brooke...Il ne savait pas très bien mais il imaginait que celle ci ne se plaignait pas de la situation puisqu'elle n'avait même pas envoyé un texto. Peut être avait elle déjà trouvé un remplaçant au jeune homme...Mark savait que Brooke n'était pas farouche et la possibilité qu'elle soit allé se consoler dans les bras d'un autre apollon n'était pas à exclure...

Aujourd'hui Mark n'avait pas envie de penser à Brooke et à leur histoire qui semblait toucher à sa fin au vues de ce qui se passait. Non il avait envie de se sortir de la tête ces histoires sordides et de profiter un peu de la vie en compagnie de Kate. Il avait été très surpris de la façon dont les choses s'étaient déroulées cet après midi au nouveau centre de bien être sur l'île.
Jamais il n'avait penser qu'un jour Kate et lui puisse de nouveau être proche l'un de l'autre surtout pas après la soirée un peu catastrophique de leur première rencontre. Mais contre toute attente ils avaient passés un moment plein de tendresse et de volupté dans l'institut. C'est donc tout naturellement qu'ils avaient décidés de poursuivre ce moment en se rendant chez elle.

Dans la tête de Mark aucune arrière pensée ne venait parasiter ses intentions. Il n'avait pas dans l'objectif de coucher avec la jolie Kate mais simplement de passé un bon moment. Boire un verre, regarder un film ou discuter sur une chaise longue dans le jardin...cela lui était amplement suffisant. Ils avaient donc pris chacun leur voiture et Mark avait suivit la jeune femme jusqu'à chez elle. Ils ne leur avaient pas fallut beaucoup de temps pour arriver chez la demoiselle qui habitait dans le même quartier que Mark mais plus vers le centre alors que sa villa à lui était perdue sur une colline près de la plage. Kate venait de garer sa voiture et s'approchait de celle de Mark qu'il venait tout juste de garer.

Il éteint alors le moteur avant d'ouvrir sa portière et de descendre de la voiture. Il rangea sciemment son portable dans la boite à gant ne voulant pas être dérangé par quiconque ce soir. Non il aspirait juste au calme et à la sérénité...Il sortit de la voiture et releva ses lunettes pour regarder Kate avec un petit sourire.

- Alors c'est ici que vit l'emmerdeuse Evans ? dit il en plaisantant.

Ce soir, Mark et Kate allaient prolonger le bon moment qu’ils avaient commencé au Spa. La jeune Evans avait proposé à l'homme d’aller chez elle, et ce qui pouvait paraître pour une proposition de «coucherie» ne s’avérait être qu’une simple soirée entre amis disons... intimes. Kate n’avait pas l’intention de finir au lit avec Mark. Peut-être que dans d’autres circonstances, c’est ce qu’elle aurait souhaité mais Brooke était une barrière suffisante pour ne pas le vouloir. L’amitié qu’elle lui portait le lui interdisait et elle ne s’accordait qu’un simple flirt avec Mark.
Kate considérait que la présence de ce dernier était déjà quelque chose qui lui ferait passer une très bonne soirée. Il y avait une espèce de complicité entre les deux jeunes gens qui étaient partis sur de très mauvaises bases lors de leur première rencontre.
Remontons quelques mois en arrière: Mark avait malencontreusement percuté la voiture de Kate sur le parking du Bowl Road à cause d’un chien qui y passait. La jeune femme, dans un sarcasme sans précédent avait été désagréable au possible et Mark n’avait pas été plus poli. Ensuite, un blond complètement imbibé avait importuné Kate et finalement, Mark était intervenu. Quelques minutes plus tard, ils étaient en train de jouer ensemble au bowling avec le groupe d’ami du brun. Encore quelques heures plus tard, Kate avait accepté, dans un élan de folie qu’elle n’arrivait même pas à expliquer au jour d’aujourd’hui, de faire un tour en voiture avec lui. Une fois près de la crique, les choses étaient en train d’aller plus loin mais tout dérapa. Après la détonation d’un feu d’artifices, Kate s’était bloquée. Impossible d’aller plus loin avec les souvenirs qui lui revenaient en tête. Forcément, Mark n’avait pas compris sa réaction et lui en avait voulu.
Ce qui résume assez bien dans quel état d’esprit ils s’étaient quittés cette nuit là. Kate n’en était pas fière. Avec le recul, elle se rendait compte qu’elle avait mal agi. Déjà, elle n’aurait jamais dû accepter de partir en voiture avec un homme qu’elle venait à peine de rencontrer. C’était inconscient de sa part et quiconque la connaissait aurait été choqué par son comportement. Mais lors de son arrivée sur l’île, Kate n’était pas à un moment simple de sa vie et les coups de tête qu’elle avait parfois n’étaient absolument pas réfléchis.
Cet évènement faisait définitivement parti du passé. Et pour preuve, Mark était à nouveau là et tout comme Kate, il avait changé depuis le bowling. Ce jour là, il avait tout de même dit une chose qui était encore vraie aujourd’hui: Je ne pense pas être un type pour toi et tu n'es pas une femme pour moi non plus... alors on a rien perdu.
Selon Kate, c’était on ne peut plus vrai. En effet, elle s’imaginait très mal en couple avec Mark. Non pas qu’elle lui trouve une montagne de défauts. Mais quand on se rendait compte du fort caractère, de l’obstination et de l’entêtement qu’ils avaient tous les deux, on se rendait aussi compte qu’au quotidien, cela deviendrait vite ingérable. Finalement, l’avocat était bien mieux avec Brooke, qui avait un tempérament plus modéré.

Kate arriva devant Mark et lorsqu’il lui demanda si c’était ici que vivait «l’emmerdeuse Evans», elle se mit à rire puis se retourna. Tout en mettant les mains dans ses poches elle leva les yeux afin d’admirer sa villa:

- Oui c’est ici!

La villa était sur trois niveaux et Kate finit par reporter son regard sur le plancher des vaches, sous peine de se retrouver avec un torticolis!

- Si vous voulez bien vous donner la peine monsieur Ruthenford...

Kate lui adressa un sourire et d’un signe de la main, l’invita à s’avancer sur le petit chemin traversant la pelouse verte parfaitement bien tondue et qui menait jusqu’au perron. Sur celui-ci, la brune chercha de nouveau dans son sac pour en sortir ses clés de maison. Quand elle ouvrit la porte d’entrée, elle entra dans le hall et alla directement jusqu’au boîtier d’alarme pour la désactiver à l’aide d’un code. Puis elle revint vers Mark et lui déposa un furtif baiser sur les lèvres avant de lui dire:

- Bienvenue chez moi.

Mark devait bien avouer que la maison de Kate ne manquait pas d'allure. Il n'avait jamais imaginé que la jeune femme puisse vivre dans un tel endroit. Lors de leur première rencontre il avait bien remarqué le gros 4X4 de la demoiselle, ce qui signifiait qu'elle avait sans aucun doute un bon compte en banque mais il était loin de s'imaginer qu'elle avait effectivement une maison de cette taille là. Il se demandait soudainement comment avait elle tout cet argent puisqu'elle était simplement étudiante en architecture...

Il la suivit sur le petit chemin qui menait jusqu'à l'entrée de la villa. Elle ouvrit la porte et Mark entra à sa suite. Son regard se promena avec curiosité sur l'intérieur de la maison. Kate revint alors vers lui et déposa un petit baiser sur ses lèvres avant de lui souhaiter la bienvenue chez elle. Il esquissa un sourire et lui rendit son petit baiser avant de s'avancer dans le salon et de déposer ses lunettes sur une table. Il déposa la petite sacoche qui était toujours autour de son cou et qui contenait ses papiers et clefs de maison à coté de ses lunettes et s'avança vers la baie vitrée qui donnait vue sur le jardin.

- Très jolie maison...même pour une emmerdeuse.

Il se retourna alors ves elle et lui fit un sourire amusé. Il aimait bien la taquiner, d'autant plus qu'il savait qu'elle en faisait tout autant dès qu'elle en avait l'occasion.

Quand Kate était rentrée pour la première fois dans cette maison, elle avait d'abord trouvé qu'elle était un peu petite. Mais après avoir vécu des années dans une immense villa à Seattle aux allures de manoir, cette sensation était compréhensible. Même le duplex qu'elle avait eu à Paris était plus grand que la villa qu'elle avait à présent sur l'île. Quoi qu'en réalité, Kate n'avait pas vraiment apprécié de vivre dans le centre ville de la capitale française car elle n'avait pas de jardin. A Berlin, ça avait été la même chose, elle s'était sentie trop à l'étroit.
Mais au final, la brune s'était très vite habituée à la villa que son père lui avait offert sur l'île. Il avait prit soin de la meublée et d'y mettre tout le confort dont on pouvait rêver avant que sa fille n'y habite. Selon Kate, c'était la façon qu'il avait de se faire pardonner de l'avoir envoyé ici.
Avant de débarquer, Kate n'avait vu la maison que sur les plans. Le rez-de-chaussée se présentait ainsi: Un grand hall qui, une fois traversé, donnait une vue directe sur une baie vitrée. A droite un grand salon, à gauche une belle salle à manger. Le tout ne formait qu'une seule et immense pièce. Il n'y avait pas de cloison, ce qui donnait un aspect plus aéré et convivial à l'espace. Toujours à gauche, il y avait une cuisine américaine toute équipée. Pratique quand on voulait regarder la télévision ou discuter avec ses invités tout en cuisinant!
Alors très vite, la jeune femme avait adoré son nouveau logis. Parfois, il lui arrivait même de le trouver trop grand. Le fait de vivre seule jouait beaucoup dans cette impression.
Tandis que Mark s'avançait vers la baie vitrée, Kate rassembla les cours qui traînaient sur la table basse pour en faire une pile à peu près ordonnée. C'est à ce moment là que le jeune homme affirma que c'était une très jolie maison, même pour une emmerdeuse. Sur ces paroles, Kate eut un petit rire et s'approcha de Mark. Avec un air de défi dans le regard, elle claqua deux fois dans ses mains et le luminaire fixé au plafond s'alluma instantanément.

- Toutes les emmerdeuses ne savent pas faire ça!

Les mains sur les hanches et avec un petit sourire plein de fierté et de malice, elle regarda Mark dans les yeux et lui demanda:

- Qu’est ce que tu veux boire?

Mark leva les yeux vers le plafonds lorsque Kate claqua dans ses mains et que la lumière s'alluma. Il avait déjà entendu parler de ce systéme d'éclairage et trouvait cela plutôt sympa...Si il avait songer à s'en faire installer un chez lui, il avait changer d'avis lors d'une soirée foot avec ses amis. Le nombre de fois où ceux ci pouvait claquer dans leur mains pendant le match pour telle ou telle raison était hallucinante et il savait qu'il s'énerverait vite si il devait penser à débrancher le système automatique à chaque fois que Ethan et le reste du groupe venait chez lui.

Il reporta son regard sur la jeune femme en face de lui qui le regardait avec un air de fierté qui le fit sourire. Kate lui demanda alors ce qu'il voulait boire. Mark réfléchit rapidement avant d'annoncer la couleur.

- Si tu as un ptit bourbon je ne dirais pas non...

Un petit verre d'alcool ne lui ferait pas de mal et si c'était du bon alcool c'était encore mieux. Sans vraiment savoir pourquoi il était certain que la jeune femme devait avoir quelques bonnes bouteilles de derrière les fagots. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'il plongeait son regard dans celui de la brune.

- Mais si tu as autre chose à me proposer...je t'écoute...

Kate eut un sourire amusé lorsque Mark demanda un bourbon. Il fallait remonter quelques années en arrière pour comprendre le pourquoi de son sourire. A chaque fois que les avocats de son père étaient invités chez elle, ils prenaient tous un bourbon. Et le fait que Mark en demande un également faisait penser à la demoiselle que cet alcool faisait figure d'emblème chez les hommes de loi.
Tandis que le jeune homme gardait son regard plongé dans celui de Kate, cette dernière se remémorait ce qu'elle avait de disponible dans la cave et dans le bar. Mais il était difficile de se concentrer avec le regard de Mark posé sur elle. Jamais elle n'aurait cru qu'une situation pareille aurait pu être possible et il y avait de quoi être un peu perdue. Etrangement, la sensation de ne pas contrôler ce qui était en train de se passer ne faisait pas peur à Kate. Lorsqu'on la connaissait et qu'on savait à quel point elle tenait à coeur le fait de toujours tout dominer et de ne jamais perdre pied, c'était surprenant.
Elle avait encore trop peu de recul sur les choses pour y réfléchir.

- Oui j’ai du bourbon. Si tu préfères, il y a du vin rouge, du blanc, du champagne... de la vodka, de la tequila, du rhume, plusieurs liqueurs...

Cela faisait un moment que Kate n’avait pas mis les pieds à la cave et la liste des alcools qu’elle avait en stock était plutôt longue.

- Il vaut mieux que tu me suives à la cave pour voir s’il y a autre chose qui te ferait plaisir.

Sur ce, Kate tourna les talons et traversa le salon pour se retrouver dans le couloir qui donnait accès au garage, à la buanderie et bien sûr : à la cave. Après avoir allumé la lumière, cette fois avec la méthode classique de l’interrupteur, la jeune femme descendit les escaliers et se retrouva dans une pièce froide et peu chaleureuse, où s’entassaient des cartons qui n’avaient encore pas été déballés et dont Kate n’avait qu’une vague idée du contenu. N’y prêtant aucune importance, la demoiselle se dirigea vers une porte l’ouvrit afin que Mark entre dans la pièce et qu’il fasse son choix parmi les dizaines de bouteilles rangées dans les casiers qui prenaient tout un mur.

La jeune femme commença à énumérer les alcools qu'elle avait tandis que Mark la dévorait du regard. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il trouvait qu'elle était vraiment très belle et ne voyait pas pourquoi il se priverait de la regarder. Mark ne cherchait pas à contrôler la situation. Il savait que ce qui était en train de se passer était totalement fou et risqué d'une certaine manière. Kate et Brooke étaient des amies et même si il avait confiance en Kate, sachant qu'elle n'était pas le genre de femme qui adorait aller cancanner à droite et à gauche, il ne pouvait éliminer l'hypothèse que Brooke soit un jour au courant de ce qui s'était passé entre lui et Kate.
Il était parfaitement conscient que dans ce cas là, plus rien ne pourrait exister entre lui et Brooke. La brune ne lui pardonnerait surement jamais d'avoir flirter avec l'une de ses amies...et il pouvait le comprendre. Curieusement cela ne lui faisait pas aussi mal que ce qu'il aurait pu le croire. Il ne savait pas ce qu'il devait en penser et ce que cela voulait dire sur la nature actuelle de ses sentiments envers la jeune femme.

Kate lui proposa de la suivre afin qu'il puisse choisir par lui même ce qu'il voulait boire. Mark la suivit avec curiosité à travers la maison, se rendant davantage compte de la grandeur de la demeure. Il était vraiment impressionné par la taille des pièces et de la maison en générale de Kate. Il était loin de se douter que la jeune femme possédait une fortune assez conséquente pour entretenir une maison pareille. Il fut davantage impréssionné en arrivant dans la cave qui contenait nombre d'alcool variés et assez haut de gamme.

- Eh bien, eh bien... murmura t-il admiratif en examinant les différentes bouteilles que contenait les casiers. Très belle collection...

Il prenait parfois quelques bouteilles examinant les étiquettes avant de les remettre en place. Pour dire vrai il y avait un choix si large qu'il ne savait plus très bien quoi choisir. Au bout de dix minutes alors qu'il commençait à sentir la fraicheur de la cave transpercer ses vêtements il se dit qu'il était temps à présent de prendre une bonne bouteille et de remonter dans la maison. Il regarda une dernière bouteille et s'arrêta quelques secondes quelque peu surpris. Il sortit la bouteille avec précaution une lueur d'envie au fonds des yeux.

- Tu as un clos des Papes...un chateauneuf du pape 2005...

Un sourire immense s'afficha sur son visage. On aurait dit un enfant lors du matin de noël qui vennait d'ouvrir ses cadeaux découvrant à grande joie qu'il avait eu ce qu'il désirait.

- Je crois que je vais oublier le bourbon si tu es d'accord.

Il s'approcha d'elle la bouteille de vin rouge dans les mains. Il espérait que la jeune femme voudrait boire la même chose que lui. Ce vin avait été déclaré meilleur vin au monde par une revue américaine spécialisé et Mark était assez fier que celui ci soit français. Même loin de son pays natal Mark gardait son chauvinisme français bien encré en lui, c'était plus fort que lui.

La première réflexion de Mark lorsque la porte de la cave s’ouvrit devant lui montrait qu’il était impressionné. Kate haussa les épaules avec un sourire. Elle n’y était pour grand-chose à vrai dire. Quand elle était entrée pour la première fois dans cette villa, elle lui avait donné l’impression d’être déjà habitée. Tout le mobilier était déjà là. Même le réfrigérateur avait été rempli. Son père avait pris le soin de faire mettre des bouteilles dans la cave à vin. Plus surprenant encore, la femme de ménage et le jardinier étaient déjà embauchés.
Kate ne savait vraiment pas comment son paternel s’était débrouillé pour arriver à faire cela mais en arrivant, elle avait juste eut à ranger ses vêtements et à défaire quelques cartons.
Adossée à un mur dont la pierre étaient plutôt froide, Kate observait Mark en silence. A le voir de dos, imperturbable tandis qu’il faisait le choix d’une bonne bouteille, elle avait l’impression qu’il avait complètement oublié sa présence. Cette idée la fit sourire et toujours en silence, son regard commença à parcourir la silhouette de Mark. Le fait qu’il n’y ait pas le moindre mot de prononcer ne la dérangeait pas. Elle attendait sagement que le jeune homme ait fait son choix. Au bout de quelques minutes, la brune sentait que le froid se faisait de plus en plus ressentir et alors qu’elle passait ses bras autour de sa taille pour garder un peu de chaleur, Mark se retourna, des étoiles plein les yeux. Il suffit qu’il dise le nom du domaine pour que Kate comprenne le pourquoi de cet émerveillement. Son sourire fut communicatif et la jeune Evans eut presque envie de rire. Lorsqu’il s’approcha d’elle en affirmant qu’il allait oublier le bourbon si elle était d’accord, comme s’il fallait son aval pour ouvrir un rouge aussi exceptionnel, Kate le regarda dans les yeux sans que son sourire ne quitte ses lèvres.

- Pour être honnête, je ne savais même pas que j’avais cette bouteille ici. C’est bon, prends là!

Dire non, c’était comme priver un enfant d’un beau cadeau. Et de toute façon, Kate ne voyait pas l’intérêt de faire vieillir un Clos des Papes 2005 ici puisque dans sa maison aux alentours de Chateauneuf, il y en avait encore quatre ou cinq. En voyant la bouteille, des souvenirs de vacances revinrent à l’esprit de Kate. Les vignes, les cigales, le soleil, le relief, la chaleur... Tant de choses qui lui rappelaient le sud-est de la France. Tout le monde devrait avoir l’occasion d’y aller au moins une fois dans sa vie. Sans parler de la mer méditerranée...
Alors que les deux jeunes gens étaient de retour en haut, Kate sortit des verres à pieds d’un meuble de la cuisine et ayant toujours ses images en tête, elle tourna la tête vers Mark et lui demanda:

- Tu es déjà allé en France?

Lorsque Mark répondit qu’il était né en Corse et qu’il avait fait ses études à Paris, un grand sourire s’afficha sur son visage. C’était la première fois depuis bien longtemps qu’elle n’avait pas rencontré quelqu’un avec qui parler du beau pays qu’était la France. La jeune femme était étonnée de ne pas avoir eu ce genre de conversation plus tôt. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte qu’elle ne connaissait absolument rien de l’homme qui se tenait en face d’elle. Elle avait soudainement envie de le connaître mieux, qu’il lui raconte son enfance en Corse, de son adolescence, qu’il lui parle des ses parents, deux personnes qui avaient su éduqués une personne si peu ordinaire.
Kate prit deux verres dans une main dans un léger tintement de cristal et après avoir prit un tir bouchon dans un tiroir, elle se dirigea vers le salon. Là, elle posa les verres sur la table basse devant le canapé et en tendant à Mark l’objet qui servirait à ouvrir la bouteille elle répondit à la question qu’il venait de lui retourner.

- J’ai une maison à Orange, près de Chateauneuf du Pape où je vais en vacances presque tous les étés. Et j’ai vécu un an à Paris.

A l’époque où elle avait vécu dans la capitale française, Kate était trop jeune pour profiter des nuits parisiennes. En effet, elle n’avait que 7 ans et hormis son duplex, le conservatoire de musique et son école, elle n’avait pas eu l’occasion de fréquenter beaucoup d’endroit. Etant majeure, elle était retournée quatre fois à Paris pour les vacances et avait pu en profiter pleinement.
Quant à sa résidence secondaire dans le sud, elle la connaissait beaucoup mieux. Le grand parc qui l’entourait n’avait plus de secret pour la brune et elle en connaissait tous les recoins. Elle revoyait encore le grand olivier près de la fontaine, les grands pins qu’elle voyait depuis la terrasse de sa chambre et le chant des cigales qu’ils abritaient, l’étang et la barque accrochée au ponton... Tant de choses qui peuvent paraître insignifiantes mais qui représentent pour Kate des souvenirs de vacances inoubliables.

- Je n’ai jamais vu la Corse. C’est aussi beau que ce qu’on raconte?

Mark rendit son sourire à la jeune femme. En vérité ils ne se connaissaient pas du tout. Leur première rencontre ayant été plus physique qu'autre chose ils n'avaient pas vraiment pris le temps de parler d'eux même. Il ne connaissait que peu de choses sur Kate, des petites choses que Brooke avait pu laisser échapper par ci par là mais rien de vraiment concret. Lorsqu'elle lui répondit qu'elle possédait une maison dans les alentours d'Orange et qu'elle avait également vécu un an à Paris le sourire de Mark s'agrandit davantage. Il était ravi de trouver quelqu'un qui connaissait la France tout comme lui.
Il avait suivit Kate dans le salon et s'attelait à présent à ouvrir la bouteille de vin.

- Humm la "cité des princes", répondit il alors qu'un petit "pop" bien significatif retentissait dans la pièce. J'y suis déjà passé durant des vacances à Avignon. C'est très joli, surtout le théatre antique.

Il versa avec précaution et précision le vin dans les ballons que Kate avait déposé sur la table basse. La superbe couleur du vin rendait magnifiquement bien dans les verres en cristal que la jeune femme avait choisis. Elle lui demanda alors si la Corse était aussi jolie qu'on le disait, n'y étant jamais été. Mark hocha la tête avec un petit sourire.

- C'est encore plus beau que ce que l'on raconte.

Il tendit un verre à la jeune femme avant de poser la bouteille sur la table et de prendre son verre et pris place sur le canapé avant de poursuivre.

- Cela ressemble beaucoup au sud de la France mais c'est différent à la fois. Notre style de vie, l'air que l'on respire...même le temps est différent, il s'écoule plus lentement, plus tranquillement. Mes parents vivent dans un petit village situé au bord de la mer et assez éloigné de Bastia. Petit mais on ne peut plus local. Je me rappelle qu'avec mes amis nous allions plonger des anciens remparts. Il n'y avait pas beaucoup de touristes à cette époque et nos parents nous laissaient dehors toute la journée sans problème, ni inquiétude...

La jeune femme était de plus en plus surprise à mesure que Mark lui parlait de lui, de ses vacances. Lorsqu'il parla d'Avignon, le sourire de Kate s'illumina de plus belle.

- Je connais très bien Avignon!

Selon elle, c'était une ville encore plus belle qu'Orange. L'été, au coucher du soleil, la place de l'Horloge était l'un des plus beaux endroits d'Avignon. Les chevaux de bois du vieux carrousel montaient et descendaient fièrement. Près du manège se trouvaient l’ancien palais de justice et l’opéra théâtre, deux bâtiments somptueux vieux de deux siècles. Au centre de la place, on pouvait voir une grande mosaïque représentant les armoiries de la villes: trois clés entourées de deux faucons. Un peu plus loin, derrière le Palais de Papes, se trouvait un hôtel restaurant de luxe: La Mirande. Dans le "salon rouge", il y avait un magnifique piano à queue et les habitués, dont Kate, y jouaient quelques fois. La jeune femme eu soudainement envie d’y aller pendant les vacances d’été mais à peine eu elle le temps de le penser qu’elle se rappela qu’elle devait rester sur l’île. Depuis qu’elle était ici, c’était la première fois que tant de souvenirs lui revenaient en tête.
Kate prit le verre que Mark lui tendait et elle s’installa à coté de lui. Tournée vers lui et accoudée au dossier du canapé, elle l’écoutait attentivement, un fin sourire dessiné sur les lèvres. Ce qu’il disait donnait très envie d’y être. Tout comme Mark, la jeune femme passait des journées entières à la plage mais contrairement à lui, elle n’avait passé vécu ni passé de vacances dans un petit village. Là où elle allait, il y avait toujours des touristes fortunés et des fêtes monumentales. Kate avait elle aussi la possibilité de rester toute la journée dehors car son père n’était quasiment jamais avec elle, systématiquement pendu au téléphone et le dernier de ses soucis était bien de savoir ce que sa fille faisait.
Gardant son regard posé sur Mark, la demoiselle répondit d’un air rêveur:

- J’aimerais beaucoup y aller...

Lorsque la sourire de Kate s'agrandit en lui disant qu'il était allé à Avignon pendant les vacances, le sourire de Mark en fit autant. Ils se découvraient des points communs ce qui lui aurait paru impossible il y avait encore quelques mois. Il était bien content d'avoir des choses communes avec la jeune femme.

- Eh bien il faut croire que le monde est petit... répondit il en souriant avec douceur.

Il se mit a parler de la Corse, ce pays, ce coin de France si cher à son coeur. Parler de tout cela lui donnait l'envie d'y retourner. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu ses parents et ses amis d'enfance et ceux ci lui manquait cruellement. Il était bien ici, il avait des amis, un travail...mais ce n'était pas la même chose. Il se disait qu'un petit voyage en terre natale ne serait pas une mauvaise idée surtout en ce moment où il avait le plus besoin.
La jeune femme lui fit alors part de son envie d'aller en Corse. Mark esquissa un sourire et leva son verre en l'approchant d'elle pour qu'ils puissent trinquer avant de boire une gorgée du fabuleux breuvage.

- Qui sait...peut être que je t'amènerais dans mes bagages la prochaine fois que j'irais là-bas.

Il plongea son regard dans celui de Kate un fin sourire sur les lèvres.

- A cette journée et à cette soirée qui s'annonce sous les meilleurs ospices...j'espère qu'il y en aura d'autres...

Doucement il fit s'entrechoquer les verres qui émirent un petit son assez chantant aux oreilles. Il était sincère dans ses paroles. Il était vraiment enchanté de cette soirée en sa compagnie. C'était très différent de la première fois et il avait l'impression de vraiment apprendre à la connaitre. Elle était une femme différente dans ce cadre et après la journée de douceur et de volupté qu'ils avaient passés ensemble. Il était curieux de la découvrir davantage et sentait qu'il aimait bien cette femme si mystérieuse...

Partir en vacances avec Mark? En y songeant, c'était très tentant. Dommage que cela ne doive rester qu'un songe, Kate était bel et bien coincée sur l'île. Elle ne pouvait pas se plaindre, ce n'était pas comme si elle avait du déménager sur une île perdue de la mer du Nord. Elle vivait à présent sous les tropiques, il y avait pire comme prison.
Mark trinqua à cette journée qu’ils passaient tous les deux. Kate aussi espérait qu’il y en aurait d’autres. Mais rien n’était moins sûr pour le moment. La jeune femme ne voulait pas se faire d’idées et restait réaliste. Les deux verres tintèrent l’un contre l’autre, tandis que la brune gardait son regard dans celui de l’homme face à elle. Elle but une première gorgée et constata avec délice que le vin était parfait. La petite note de cerise lui donnait un goût légèrement sucré et les arômes se succédaient. Kate regarda par la fenêtre et observa le soleil qui offrait ses derniers rayons. Le ciel était à présent un grand tableau aux nuances allant du rose orangé au violet, ce qui rendait la lumière d’une douceur apaisante.
L’attention de la demoiselle se reporta sur Mark. Elle s’approcha un peu de lui et baissa le regard sur sa main libre. Doucement, elle approcha la sienne et l’effleura du bout des doigts.
Sans relever la tête, Kate eu un petit sourire amusé en repensant à la proposition du jeune homme.

- Tu n’aurais pas peur de me présenter à tes parents et à tes amis?

Non pas qu’elle ne soit pas capable de se tenir correctement en société, bien au contraire. Kate était très facile à vivre et s’intégrait très bien mais si les gens voyaient Mark revenir chez lui avec une femme à son bras, ils risquaient de se poser des questions.

Mark n'avait aucune envie de penser à la réalité des choses. Réalité qui faisait qu'il était en couple avec Brooke, qu'ils étaient dans une situation particulière et délicate, réalité qui faisait qu'il était déjà en faute en étant présent ici...
Non tout ce qu'il voulait c'était profiter du moment présent avec la jeune femme en face de lui. Il ne voulait penser à rien d'autre qu'au délicieux moment qu'ils passaient ensemble.
Il mettait loin derrière lui les questionnements et les prises de décisions qui devraient tôt ou tard s'imposer. Après avoir trinqué avec la jeune femme il porta le verre à ses lèvres pour boire le nectar des papes, déclaré meilleur vin du monde. Il ne fut pas déçu...c'était tout simplement divin. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas bu de vin aussi bon. Les notes fruitées du breuvages était parfaitement dosées et il se disait que Dieu lui même avait du donner un coup de main aux viticulteurs pour qu'il soit si parfait.

Kate se rapprocha de lui et vint frôler sa main de la sienne. Il l'écouta lui demander si il n'avait pas peur de la présenter à ses parents ou à ses amis. Il regarda la jeune femme avec amusement.

- Pourquoi ? je devrais avoir une raison d'avoir peur ? répliqua t-il avec amusement.

Il tourna sa main et saisit celle de Kate qu'il se mit doucement à caresser avec le pouce.

- Tu sembles être une jeune femme civilisée, intelligente...une petite emmerdeuse certes ! ajouta t-il avec un sourire amusé. mais ça ils ont déjà tous l'habitude avec moi.

Il délaissa la main de la jeune femme et vint poser la sienne sur sa joue avant de lui relever le visage et de déposer ses lèvres sur les siennes avec douceur.

Commençant à connaître un peu mieux la jeune femme, Mark aurait pu craindre qu’elle ne sache pas modérer son fort caractère. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, Kate était capable d’être douce. Il ne fallait pas non plus s’attendre à ce que cela devienne un trait de sa personnalité mais quand il le fallait, elle savait s’effacer. Quoi qu’il en soit, sa question sembla amuser Mark qui demanda s’il avait une raison d’avoir peur. Avec un sourire, Kate le rassura en hochant négativement de la tête. Elle saurait être sage comme un ange. A présent, sa main était dans celle du brun et sans qu’elle ne puisse expliquer pourquoi, il y avait quelque chose de rassurant dans ce geste. Lorsqu’il lui dit qu’elle semblait être une jeune femme civilisée et intelligente, elle pensa aux anciennes conquêtes présumées de l’homme de loi. Dans le passé, l’intelligence ne devait pas être son premier critère de choix pour ramener une fille chez lui. Kate ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait changé. Son coté homme à femmes n’avait peut-être pas totalement disparu mais il s’était en tout cas très nettement atténué. Cela se lisait presque dans son regard.
De nouveau qualifiée d’emmerdeuse, la demoiselle rit. Ce mot, aussi péjoratif soit-il, sonnait comme un compliment. Et enfin, Mark admettait que lui aussi était un emmerdeur. Les Corses ont la réputation d’avoir de forts caractères non?
Sa main vint se poser sur le visage de Kate. Délicatement, il releva son visage et déposa sur ses lèvres un doux baiser que la jeune femme prolongea en fermant les yeux. Elle s’écarta au bout d’un instant et c’est avec amusement qu’elle lui demanda:

- Et les filles de ton village, elles ont l'habitude que tu les embrasses comme ça?

Il savait qu'elle était capable de douceur, il en avait eu la preuve tout au long de cette journée. Il avait découvert une autre personnalité de la jeune femme et celle ci lui plaisait beaucoup. Associé à son fort caractére cela faisait un mélange détonnant qu'il appréciait particulièrement.

Il était vrai que l'intelligence n'était pas la principale qualité que Mark avait pu recherché chez une femme pendant de nombreuses années. La seule chose qui lui importait était que ces dernières soit rapidement sous son charme et dans son lit...Mais plus il prenait de la maturité et plus il se rendait compte qu'il cherchait plus chez une femme. Il cherchait quelque chose qui le faisait vibrer et aimer la personne pas seulement pour son physique. C'était également un défi pour lui en quelque sorte...car cela voulait dire que la femme en question était également capable de l'aimer lui, avec ses défauts et ses qualités.

Kate se mit doucement à rire lorsqu'il avoua que lui même était un emmerdeur. Il ne pouvait pas le nier éternellement. Il était un petit emmerdeur de première, son père n'avait cessé de lui répéter cela tout au long de son enfance avec lassitude. En effet, Mark aimait bien emmerder son monde et parfois même il ne le faisait pas consciement...c'était comme cela, avec un caractère fort comme le sien il ne pouvait en être autrement.

Lorsque Kate mit fin à leur baiser et qu'elle s'écarta légèrement, elle lui demanda alors si il avait l'habitude d'embrasser toute les filles de son village de cette manière. Le jeune homme ne pu s'empêcher de rire.

- Pas toutes ! répondit il en riant. Et puis cela fait longtemps que je n'y ai plus mis les pieds. La plupart de ces filles sont aujourd'hui mariées et mères de famille selon les dires de ma mère.

Il poussa un léger soupir se replongeant dans ses souvenirs d'enfances et d'adolescence.

- Alala ça remonte à loin tout ça maintenant... J'étais moins sûr de moi à cette époque en vérité. La confiance est venue avec les années...

Le rire de Mark fut partagé. La première partie de sa réponse laissait sous entendre qu'il y en avait tout de même quelques unes. Et aujourd'hui elles étaient presque toutes mariées et avaient des enfants. Kate aurait payé cher pour assister à des retrouvailles entre Mark et ces filles. Il était tellement loin d'être marié et papa au jour d'aujourd'hui. Du moins la demoiselle avait beaucoup de mal à l'imaginer la bague au doigt et changeant une couche.
Tentant tout de même de visualiser la scène, Kate but une nouvelle fois dans son verre qu'elle reposa sur la table basse. Elle plia ses jambes, les posant ainsi sur le canapé afin d'être plus à l'aise.
Il lui était maintenant impossible de poser son regard ailleurs que sur Mark. Elle l'écoutait parler comme une petite fille à qui on raconte des histoires pour l'endormir. La demoiselle était attentive au moindre de ses mots, toujours plus étonnée que Mark la laisse découvrir son passé. Jamais elle n'aurait pensé pouvoir avoir un jour une vraie conversation avec lui. Et visiblement, celle qu'ils avaient tous les deux en ce moment lui tenait beaucoup à coeur. Il disait qu'avant, il n'avait pas l'assurance qu'il avait aujourd'hui.
Kate voyait bien qu'il y avait de la nostalgie dans la voix et vu sa propre situation, elle savait ce que Mark pouvait ressentir loin de chez lui.
Pendant un instant, la jeune femme resta silencieuse et finalement, sans vraiment y réfléchir, elle répliqua:

- Tu as la chance de pouvoir partir d'ici. Tu devrais retourner chez toi cet été, je suis sûre que tes parents et tes amis en seraient très heureux!

Si Kate le pouvait, dès le lendemain de la remise des diplômes, elle prendrait le premier avion pour passer l'été chez elle. Si elle pouvait.

A dire vrai Mark n'était pas vraiment préssée de retrouver ces anciennes "conquêtes" et amis d'enfance. Il savait qu'en voyant la plupart de ses amis marié, mère et père de famille, il se sentirais soudainement...à part, différent d'eux puisqu'il n'était en aucun cas marié et encore moins papa. Il n'avait jamais eu l'envie de se marier ou d'avoir des enfants...il se disait toujours qu'il avait le temps et puis il voulait d'abord profiter du monde et de ses plaisirs avant de se caser et d'avoir des responsabilités qui lui resterais à vie.

Il ne se rendait pas vraiment compte qu'il dévoilait son passé à la jeune femme. Pour lui la conversation était arrivé naturellement et il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait autant de confidence sur son passé à Kate...lui qui n'en parlait que rarement se retrouvait être soudainement un moulin à parole. Peut être était ce la façon dont Kate l'écoutait qui le pousait à parler davantage de lui et de ses souvenirs lointains.

Après quelques instants de silence la jeune femme lui déclara alors qu'il devrait aller passer ses vacances chez ses parents afin de les revoir et de revoir ses amis. Le jeune homme ne pu s'empêcher de rire.

- Oula ! ça se voit que tu ne connais pas ma mère...si je reviens là bas seul elle va tout faire pour me marier avec une fille de mon village ça c'est sur et certain ! Je n'appelle pas vraiment cela des vacances quand ta mère te harcéle pour que tu lui donnes des petits enfants dans le sacrement du mariage...

Il esquissa une petite grimace avant de sourire. Pour ses parents il fallait que leur fils se marie pour pouvoir leur donner des petits enfants qui viendraient les voir à chaque vacances scolaires. Si son père savait être convaincant, sa mère elle l'était bien davantage. Mark disait souvent d'elle qu'elle serait capable de convaincre un prête que Jesus n'existait pas...mais coup de chance pour l'église catholique la famille de Mark était très croyante. Ce qui était beaucoup moins amusant pour le jeune homme puisque ses parents estimaient qu'il n'était pas respectable de fréquenter des femmes et d'avoir des relations avec elles sans être marié.

- Et toi ? Pourquoi tu ne retournes pas en France pour tes vacances ? Tu sembles beaucoup apprécier Orange et ses alentours.

Kate fut surprise du rire de Mark. Avait-elle dit quelque chose de drôle malgré elle? Très vite, elle comprit le pourquoi de cet amusement et en fut tout autant amusé. La mère du jeune homme voulait qu'il se marie et qu'il ait des enfants et à en croire Mark, elle le harcèlerait jusqu'à ce que ce soit chose faite. La brune imaginait très bien comment madame Ruthenford voyait l'avenir de son fils. Une belle maison en bord de mer, deux trois enfants faisant de la balançoire et s'amusant avec le chien tandis que l'épouse préparerait avec amour le repas du soir, impatiente que son mari rentre du tribunal. Le tout sous le soleil de l'île de beauté. Même si Kate ne voyait pas vraiment Mark dans ce cadre là, elle pouvait tout à fait comprendre que sa mère veuille l'y installer, quitte à lui choisir elle même une femme.
Kate était plutôt mal placée pour prendre partie avec elle car le mariage et les enfants, ce n'était pas son truc non plus. Heureusement, pour le moment on lui fichait la paix avec ça. Pour le moment... Pourvu que ça dure! Elle ne restait pas non plus butée sur son idée et gardait une certaine ouverte d'esprit. Peut-être qu'un jour, un homme lui donnerait envie de fonder une famille mais à l'heure actuelle sa seule aspiration était celle de réussir dans le métier d'architecte. En prenant en considération le fait qu'elle avait déjà accepté le poste qu'on lui avait proposé pour rénover l'aéroport, elle était en très bonne voie.
Après ce que Mark venait de dire sur sa mère et même s'il avait l'air de dire qu'elle était plutôt du genre obstinée, Kate appréciait l'image qu'elle se faisait de cette femme et souhaitait bien du courage à la fiancée que Mark lui présenterait dans l'éventualité où il en aurait un jour l'envie. Se montrer à la hauteur devant une mère qui recherche le meilleur pour son fils était parfois difficile.
La conversation dévia sur la jeune femme. Pourquoi ne retournait-elle pas en France? C'était une situation complexe. C'était beaucoup moins grave que ça pouvait en avoir l'air et Kate n'était pas la première personne à qui cela arrivait, loin de là. Pourtant, elle n'en parlait pas. Avant, c'était surtout pour que la raison de sa venue ne s'ébruite pas mais le risque diminuait avec le temps et à présent si elle ne disait rien, c'était aussi pour que les gens ne la juge pas.
Après s'être légèrement redressée, la jeune femme eut un bref soupir et répondit:

- J'aimerais mais en ce moment je ne peux pas.

Il allait être difficile de changer de sujet après ça et Kate se disait qu'elle allait devoir aller au bout de son explication. Pour la première fois, elle s'y sentait prête. Il y avait deux raisons à cela. D'une part, Mark avait montré qu'il avait assez confiance en elle pour lui parler de lui et la jeune femme pouvait probablement en faire autant. D'autre part, après tout ce temps sans rien dire elle avait l'impression que son secret était un poids qui l'empêchait d'être elle même. En y réfléchissant bien il était presque insignifiant, du moins aux yeux de Kate.
Ses amis parlaient librement de leurs vies et même Brooke lui avait confié son histoire. Kate détestait mentir et pourtant, depuis des mois elle n'avait pas le choix. Quand on lui demandait pourquoi elle était venue sur l'île, soit elle mentait, soit elle restait évasive.

Les enfants, le mariage...des mots qui effrayaient le jeune homme qui n'avait jamais eu pour ambition de se marier et d'avoir des enfants. Les enfants lui faisait peur en régle générale...lorsqu'ils atteignaient les six, sept ans il leur trouvait quelques qualités mais lorsqu'il était bébé et petit enfant là il ne les trouvaient en aucun cas charmant ou tout autre petit surnoms que les femmes aimaient leur donner en s'extasiant devant eux.
De plus assez lucide, il ne pensait pas faire un très bon père. Il avait déjà du mal à se gérer lui même alors si il devait en plus gérer l'éducation d'un enfant c'était peine perdue...
Ses parents lui rappelait qu'il était leur seul enfant et qu'ils voulaient des petits-enfants mais Mark faisait la sourde oreille. Il n'était pas partisan de faire des enfants dans le but de satisfaire ses parents dans leur besoin de grande parentalité. Mark se disait qu'un jour peut être il changerait d'avis...mais rien n'était moins sur. Avec le temps et son histoire avec Brooke il révisait un peu son jugement sur le mariage. Il avait eu envie d'épouser la jeune femme après la catastrophe du centre commercial. Lorsqu'il avait réalisé qu'il aurait pu perdre la jeune femme dans cette tempête, il avait eu une soudaine envie de la demander en mariage pour lui prouver à quel point il l'aimait. Il ne l'avait pourtant pas fait réussissant à réprimer cette soudaine envie mais c'était à partir de ce moment là qu'il avait réellement commencer à se comporter comme l'homme d'une seule femme. Il avait passé toutes ses nuits avec d'elle, se contentant d'aller au boulot et de rentrer directement auprès d'elle. Même si il avait eu du mal à l'avouer il avait aimé cette vie tranquille...jusqu'à maintenant.

Il bu une gorgée de vin tout en attendant la réponse de la jeune femme concernant un possible retour en France pendant l'été. La réaction de la jeune femme l'intrigua quelque peu, encore plus sa réponse. Elle disait ne pas être en mesure de retourner là-bas. Sans quitter du regard la jeune femme il éloigna son verre de ses lèvres.

- Pourquoi cela ? Si ce n'est pas trop indiscret bien évidemment...

Il ne voulait pas que la jeune femme soit mal à l'aise et qu'elle trouve ses questions déplacées. Il espérait néanmoins qu'elle ai assez confiance pour pouvoir lui parler. Si il y avait bien une chose que Mark détestait c'était les commérages et jamais il ne s'y prêtait. Il ne voyait pas l'interêt d'aller déblatérer sur ce qu'on avait pu lui confier...De plus il était assez mal placé pour pouvoir reprocher au gens quoi que ce soit n'étant pas un saint lui même.

Comme elle l’avait prévu, Kate put lire l’étonnement sur le visage de Mark. Sans être indiscret, il voulait savoir pourquoi elle ne pouvait pas s’en aller. Il n’était pas trop tard pour inventer un gros mensonge comme «je suis trop fauchée pour me payer un billet d’avion» mais en plus d’être l’excuse la moins crédible au monde, c’était ridicule de cacher la vérité plus longtemps. Non pas qu’elle soit prête à en parler à tout le monde, elle en était encore loin. Cependant, la demoiselle se disait que d’en parler à une seule personne pourrait lui enlever un poids. De plus, Mark était avocat et il avait l’habitude de garder des secrets.
Pendant quelques secondes, Kate le regarda sans rien dire. Puis rompant le silence, elle s’expliqua.

- C’est beaucoup moins dramatique que ça en a l’air...
En disant cela, la jeune femme eu la brève impression que Mark allait lui rire au nez, qu’il n’allait pas la croire. Il fallait qu’il se rende compte que sa situation était presque banale.

- Mon père a des informations sur un trafic d’armes en Hongrie. Il a accepté de donner ces infos et de témoigner au procès mais en échange, le gouvernement hongrois a du signer un gros contrat avec son entreprise. Quelques jours plus tard, il a reçu des menaces de mort et de plus en plus m’étaient destinée. Mon père a eu peur pour moi et m’a envoyé ici, où je suis sensée être en sécurité.

Kate parlait d’un air détaché comme si elle racontait ce qu’elle avait fait pendant la journée. Bien sûr, elle passait quelques détails inutiles comme le fait que son père était parfaitement conscient des risques qu’il faisait courir à sa fille en donner ces informations.

- Voilà pourquoi je ne peux pas retourner là où j’avais l’habitude d’aller.

Impossible de dire pendant combien de temps elle allait devoir rester sur l’île. Probablement des années, le temps que le procès soit terminé et que les choses se tassent.
Quant aux autres destinations de vacances, le problème était tout autre. Si le père de Kate apprenait qu’elle avait quitté l’île, il allait être furieux et le connaissant, la jeune femme savait qu’il lui en voudrait pendant des mois entiers. A presque 23 ans, cela lui importait peu de désobéir mais il était tout ce qu’elle avait. Même si leurs rapports étaient à la base très distants, il était quand même son père et Kate ne savait pas si elle avait assez d’audace pour risquer de l’éloigner un peu plus d’elle.
Après avoir reprit son verre pour y boire à nouveau, elle eut un sourire qui traduisait son soulagement.

-Maintenant tu connais la vérité.

Mark écouta avec attention les explications de Kate qui commença par lui dire que la situation était moins dramatique qu'elle en avait l'air. Le jeune homme s'attendait à tout...après des années de droit il en avait entendu des vertes et des pas mûrs alors il savait que rien ne pourrait le choquer.

En entendant les raisons que Kate lui énumérait le jeune homme fut légèrement surpris mais pas tant que cela. En effet il comprenait mieux le pourquoi du luxe de la maison alors que Kate ne travaillait pas encore. Cela expliquait également la cave à vin, les différentes maisons qu'elle possédait notamment en France...
Kate était donc venue ici pour sa propre sécurité...Son père avait été bien avisé de l'envoyé sur l'île. Il y avait très peu de chance qu'on la retrouve ici, d'ailleurs la plupart des gens venaient ici pour couper court avec le reste du monde.

Ce qui étonnait Mark était le comportement du père de Kate. Comment avait il pu prendre le risque de mettre en danger sa propre fille ? Car bien évidemment Mark n'était pas idiot et il se doutait que le père de cette dernière savait ce qu'il risquait de se passer en donnant ses informations...d'ailleurs bien souvent dans ce genre d'affaire on n'avait pas des informations par hasard...
Quoi qu'il en soit Kate était condamnée à rester sur l'île tant que son père ne lui dirait pas qu'elle pouvait s'en aller. Mark trouvait cela un peu dur pour la jeune femme car aussi belle et acceuillante qu'était l'île, elle n'en restait pas moins une prison pour Kate.

- C'est triste pour toi... répondit Mark avec sincérité. J'espère que cette situation changera rapidement et que tu seras bientôt dans la capacité de te rendre où tu le désires sans avoir à craindre pour ta sécurité.

Pour Mark rester enchainer à un endroit était totalement impossible. Lui qui avait quasiment fait le tour de la terre avant de s'installer ici n'imaginait pas être obligé de rester où que ce soit. Il avait toujours eu besoin de liberté, pouvoir partir où il voulait au moment qu'il voulait était la plus belle des libertés à ses yeux.

Kate avait toujours vécu avec un étrange principe: le profit avant tout. Bienvenue dans le monde des affaires, où un contrat à 25 millions de dollars vaut plus que votre fille unique. C’était une amère leçon mais que la jeune femme connaissait bien. Heureusement, elle s’était toujours tenue à l’écart de ce monde là qu’elle détestait cordialement. Le métier de son père n’était pas le sien et le business lui passait au dessus de la tête. Elle avait une vie relativement normale et ne voulait pas se démarquer des autres. Bien sûr, la villa et la somme impressionnante sur son compte en banque étaient deux choses peu communes mais c’était la façon que monsieur Evans avait pensé la plus judicieuse pour se laver de tout remord. C’était idiot puisque Kate n’avait aucune rancœur contre lui. Elle se faisait doucement à l’idée qu’elle ne serait jamais sa priorité. Elle faisait avec et n’avait aucun mal à vivre avec ça. Après tout, elle pouvait s’estimer heureuse d’avoir encore son père. Quand ils étaient tous les deux, ils s’entendaient bien. Il y avait plus d’une personne de son entourage qui ne pouvait pas en dire autant. Brooke par exemple.
Mark fut compréhensif et répondit que c’était triste pour elle. Kate finit son verre en espérant ne pas faire naître de la compassion chez le jeune homme. S’il y avait bien une chose dont elle avait horreur, c’est qu’on compatisse à son malheur car elle n’était pas malheureuse. La dernière chose dont elle avait besoin, c’est que Mark la considère de la sorte. Kate ne se faisait pas trop de soucis de ce coté là.
Elle aussi souhaitait que la situation s’arrange mais elle restait réaliste. Cela n’allait pas se faire rapidement.

- Tu es le seul à qui j’en ai parlé. Je compte sur ton silence.

La brune posa une main sur le visage de Mark et plongea son regard dans le sien. Elle avait encore du mal à croire qu’elle lui avait confié une chose pareille. Elle espérait qu’elle n’aurait pas à le regretter.

- Tu veux qu’on commande quelque chose à manger?

Mark ne pensait pas que Kate était malheureuse. Il en savait assez sur elle pour savoir qu'elle était du genre battante. Le fait qu'elle vienne ici et décide de terminer ses études en architecture le prouvait assez. Elle n'avait pas laisser la fatalité prendre le dessus sur elle et c'était quelque chose d'important. De plus elle avait l'air de plutôt bien vivre la chose alors pourquoi avoir pitié d'elle ?
Il était simplement triste pour elle. Ne pas pouvoir aller là ou on voulait quant on le voulait n'était pas une chose aisé à supporter et plus d'un en serait devenu dingue. Kate acceptait les faits et s'en accomodait et en cela il était admiratif de la jeune femme.

La jeune femme lui demanda de garder le silence sur ce qu'elle venait de lui avouer. Mark hocha la tête avant de lui répondre.

- Bien évidemment. Tu peux me faire confiance. Je ne suis pas du genre rapporteur...surtout lorsqu'il s'agit de chose aussi importante.

La jeune femme vint poser sa main sur la joue de Mark et elle plongea son regard dans le sien lui proposant de commander à manger. Le jeune homme esquissa un sourire et rapprocha son visage de celui de la jeune femme venant frôler son nez avec le sien.

- Humm très bonne idée...Qu'es ce que tu as envie de manger ? Italien, chinois...il y a un excellent mexicain qui vient d'ouvrir en centre ville et qui fait de la livraison à domicile...